Carmen Arevalo Blanco

"J'apprends beaucoup de mes élèves. J'adore ça. Ils sont une mine de sagesse et ils ne le savent pas" 

 

Originaire d’Espagne, Carmen Arevalo Blanco enseigne un cours de séminaires en espagnol à l’Institut de Traducteurs, d’Interprètes et de Relations Internationales (ITIRI) de Strasbourg. Après des années laborieuses dans sa vie professionnelle, elle a décidé d’entamer l’un des plus gros challenges de sa carrière : devenir enseignante.

 

Tout au long de sa carrière, elle a été une habitante du monde, déménageant dans divers pays tels que les États-Unis et l'Allemagne depuis son enfance. "Il faut être apprenti de tout mais maître de rien", telle est la philosophie que son grand-père lui a transmise depuis son enfance. Après avoir effectué une licence en Langues Étrangères Appliquées à l’Université de Strasbourg, elle a continué ses études en faisant le master de Relations Internationales de l’ITIRI, au cours duquel elle a eu l’occasion de faire un stage au Parlement européen de Strasbourg. Elle a ensuite été embauchée en tant qu’experte en relations internationales pour l’Espagne où elle a pu consolider ses compétences en négociation et politique européenne. 

 

Elle a par la suite quitté le domaine de la politique pour se concentrer sur des négociations à Londres où elle a pu s’immerger dans le monde de la finance. Dans les années qui ont suivi, elle s’est concentrée dans ce secteur d’activité et dans le développement économique d'entreprises internationales, comme la création de l’équivalent français d’un laboratoire pharmaceutique espagnol. Elle a ainsi travaillé dans le domaine de la consultance internationale basée sur l'installation de logiciels sur de grands navires de recherche scientifique, où sa principale tâche consistait à négocier avec les propriétaires et capitaines de navires. Elle a également dirigé une société de conseil en réassurance de sécurité nationale pour des centrales nucléaires en Espagne, où elle a préparé la sécurité des bases nucléaires en cas d'explosion ou d'accident. Compte tenu de la dangerosité de l’emploi, il est possible de devenir insensible à l'arrivée et au départ des travailleurs, mais Carmen Arevalo Blanco n'a jamais pu s'y habituer, c'est pourquoi elle a décidé de démissionner à la recherche de nouveaux horizons : "J'aime beaucoup les gens, et quand je sais que quelqu'un va mourir, ça fait mal". 

 

D’autre part, elle a travaillé pour une entreprise néerlandaise qui importait des investissements du monde entier. La négociation a été conduite à l’international, l’interculturalité était donc une partie importante de son travail quotidien. Elle a ensuite travaillé pour une compagnie d’assurance en France dont les clients étaient en majorité français et espagnol, avec plus d’un million d’euros d’investissements pour lesquels il était nécessaire de “prouver que l’on est une personne de confiance”. En plus de cela, elle a été vice-présidente de la commission banque-assurance de la Chambre de commerce franco-espagnole de Madrid. 

 

A travers ses expériences, le système d'échange d'emplois de quatre et cinq ans lui a permis de se déplacer en Europe et de se réinventer à chaque occasion. Bien que chaque secteur se concentre sur l'économie et la finance, ils sont tous différents les uns des autres, un détail qu'elle minimise.

 

Après la pandémie, elle et sa famille ont décidé de se lancer dans une nouvelle aventure en se réinstallant à Strasbourg. "Je vais faire quelque chose que je n'ai jamais fait auparavant, mais que j'ai toujours fait, c'est-à-dire aider les jeunes et les personnes éduquées à visiter le monde, car je le fais depuis des années avec les personnes avec lesquelles je travaille, avec mes équipes", c'est ainsi que l'enseignante Arevalo Blanco décrit son métier. C'est une professionnelle qui, grâce à ses expériences, peut démontrer et expliquer les connaissances qu'elle a acquises. Lorsqu'elle enseigne, elle considère ses élèves comme s'ils faisaient partie de son équipe de travail. Elle démontre ce que sont les théories, l'application de la pratique et la manière dont elles sont adaptées à la vie réelle. Quant à son principal objectif en classe, c'est que ses étudiants se demandent toujours pourquoi les choses arrivent. C’est en développant leur sens critique et leur curiosité qu'ils pourront aller de l'avant.

 

Malgré le fait que Strasbourg soit un comme un retour aux sources, y revenir n’a pas été un changement facile. Sa responsabilité est de partager ses expériences de la meilleure manière possible, de montrer les bons et mauvais aspects, et de les adapter dans un secteur professionnel. 

 

Lorsqu’on lui demande quelle a été son expérience professionnelle la plus importante, Mme Arevalo Blanco ne parvient pas à en choisir une qui l’a marquée plus que les autres. Elle explique : “Toutes mes expériences ont eu un impact sur moi. Elles ont toutes eu une bonne influence et m’ont instruit une leçon négative”. Chaque expérience a fait d’elle la personne qu’elle est aujourd’hui et lui a donné, non seulement des règles de vie, mais également du contenu pour ses cours à l’ITIRI. 

 

Lorsqu’on lui demande quel a été son plus gros défi en tant que professionnelle en France, elle explique qu'elle n’en a eu aucun. Comme mentionné plus haut, changer de pays n’est pas un défi. La barrière linguistique n’est pas difficile à franchir, car elle maîtrise cinq langues : l’espagnol, le français, l’allemand, l’anglais, et l’italien. Changer de pays n’est pas un gros problème, elle décrit cela “comme si je changeais simplement de ville”, elle se sent “chez elle partout”. Pour chaque déménagement, elle achète une carte de la nouvelle ville dans laquelle elle va vivre et l’apprend par cœur. 

 

Enfin, en ce qui concerne ses observations du monde du travail entre le passé et le présent, elle souligne le fait qu’il y a eu un changement à l’échelle mondiale radical, plus particulièrement pour les femmes. Professeure Arevalo Blanco explique que dans le passé, il arrivait qu’un homme refuse de négocier avec elle, seulement parce qu’elle était une femme. Elle précise qu'heureusement le monde du travail est un secteur qui évolue régulièrement. 

 

En résumé, les enseignants comme Arevalo Blanco, remplis d’enthousiasme et de détermination, sont ceux qui offrent les meilleures expériences aux nombreux étudiants qui ont un jour franchi les portes de l’ITIRI.

ANNE MASSERAN  Responsable du Master 2 Communication Internationale

"J'aimerais que mes étudiants retiennent qu'il ne faut jamais arrêter d'apprendre"

 

Anne Masseran est enseignante depuis douze ans au sein de l’Institut de Traducteurs, d’Interprètes et de Relations Internationales de l’Université de Strasbourg et responsable du Master Communication Internationale depuis une dizaine d’années. Très à l’écoute de ses étudiants, son objectif est de leur partager son savoir des stratégies de la communication et de leur permettre d’acquérir des compétences dans ce domaine afin qu’ils entrent sur le marché du travail à la fin de leur master avec un bagage intellectuel et professionnel conséquent.

 

Docteure en Histoire des sciences et des idées, Anne Masseran a beaucoup travaillé pour arriver là où elle est aujourd’hui. Après avoir commencé des études de Sociologie et réalisé que ces dernières ne lui correspondaient pas, elle s’est donc tournée vers des études d’Histoire des sciences et des connaissances qui l’intéressaient pour leur aspect plus interdisciplinaire. Elle a obtenu son doctorat en soutenant une thèse sur le sujet « Sciences, femmes, littérature : étude de la dissociation de la science et de la littérature dans les écrits de Diderot, Rousseau et Goethe ». En parallèle de son doctorat, Anne Masseran avait des contrats de recherche dans la Communication Santé, notamment dans la prévention contre le sida et pour le don d'organes. Elle a également fait deux post-doctorats en Autriche, à l’Université de Vienne et à l’Institut Culturel de Vienne, en travaillant sur le sujet de la condition des femmes autrichiennes au tournant des XIXe et XXe siècles.

 

Grâce à ses études, Anne Masseran s’est donc qualifiée en Sciences de l’Information et de la Communication et est entrée dans le monde du travail en devenant d’abord Attachée temporaire d’enseignement et de recherche, puis Maître de conférence. Elle a notamment travaillé pendant six ans à Nancy au sein du département d’Information, Communication de l’Université de Lorraine en tant qu’enseignante et chercheur. Ses expériences professionnelles, ses études et ses compétences en langues faisaient d’Anne Masseran la candidate parfaite pour intégrer l’ITIRI qui cherchait à l’époque une enseignante multifonction.

 

Anne Masseran retire une grande fierté de toutes ses expériences. La rédaction de sa thèse lui a beaucoup apporté. Le post-doctorat qu’elle a effectué à l’Université de Vienne lui a également permis de s’épanouir dans la recherche, d’enseigner en Allemand qu’elle parle couramment, notamment sur la condition des mères au XIXe siècle, et de découvrir de nouveaux horizons. Lorsqu’elle travaillait à Nancy, elle a eu l’occasion de développer une troisième année de licence nommée «Connaissance des métiers de l’information » entourée de professionnels, en particulier des journalistes. La création de cette troisième année de licence visait à préparer les étudiants aux concours d’entrée dans les écoles de journalisme. Ce projet lui a permis de réellement comprendre les enjeux du travail en équipe et d’être par la suite embauchée à l’ITIRI.

 

Aujourd’hui principalement enseignante-chercheur, le plus grand défi qu’Anne Masseran a à relever est de donner l’occasion à ses étudiants non seulement de trouver leur voie, mais aussi du travail à la sortie de leur master. Il est important pour elle de toujours renouveler ses cours afin de s’adapter aux nouveautés qui surviennent dans le domaine de la communication. Elle souhaite que ses étudiants comprennent qu’il ne faut jamais arrêter d’apprendre. En communication, les tendances évoluent avec le temps, il est donc nécessaire de s’adapter aux changements et défis qui s’y posent (réseaux sociaux, intelligence artificielle, communication responsable, etc.). La mission d’Anne Masseran est que les étudiants en Communication Internationale acquièrent de nombreuses connaissances et stratégies dans le domaine, afin qu’ils puissent s’adapter au marché dans leur emploi futur.

 

Responsable du Master Communication Internationale, elle décrit ce dernier comme un approfondissement des connaissances et compétences en communication. Il s’agit également d’un enseignement pratique, dans lequel on apprend à faire de la communication digitale (photo, PAO, vidéo, création de site web...), le tout dans un cadrage qui permet de travailler en petits groupes et de participer à de réels projets de communication afin que les étudiants se professionnalisent davantage. Le M2 Communication Internationale s'appuie sur le M1 Relations Internationales, très pluridisciplinaire. Les étudiants ont donc ainsi une grande ouverture d'esprit, acquise notamment à travers les enseignements sur la géopolitique et sur les échanges internationaux en M1, et également à travers leur forte culture linguistique. D’après Anne Masseran, la pluridisciplinarité de ce master est son plus grand atout et le différencie fortement des autres masters proposés en France.

 

Malgré son emploi du temps chargé, Anne Masseran essaye de trouver du temps pour la recherche qui la passionne toujours, dans le domaine Sciences Techniques Sociétés, en ce moment sur le sujet des jeux d'acteurs et des négociations publiques autour des projets de géothermie profonde en Alsace. Consciente de ce qu’elle a pu accomplir tout au long de sa carrière, elle se réjouit aujourd’hui d’avoir réussi à encourager la totalité de ses étudiants à poursuivre une alternance en deuxième année de master. Ce système qui a été mis en place il y a maintenant cinq ans s’est réellement développé et permet aux étudiants d’avoir une meilleure vision du monde professionnel à la fin de leur cursus universitaire. Dans le futur, Anne Masseran souhaite que les entreprises et structures d’accueil soient plus enclines à embaucher les étudiants en alternance et qu’ainsi, les offres se multiplient.